Ecouter- Répéter


Projet réalisé dans le cadre du projet Si nous continuons à parler le même language, nous allons reproduire la même histoire, commissariat de Flora Katz et Mickaela Assolent.



«Camila Farina a fait une proposition qui se construit sur l’ensemble du projet «Si nous continuons à nous parler le même langage, nous allons reproduire la même histoire». A partir des enregistrements audio et des informations mises en ligne sur le blog, Camila produit pour chaque session deux travaux imprimés sur papier, un texte et une composition d’images qui fonctionnent en regard l’un à l’autre. Pour Camila il ne s’agit pas de rendre compte de l’ensemble des conversations de manière objective, mais plutôt de saisir une atmosphère et capter des instants qui lui font écho.
Deux posters forment une cartographie indicielle, pleine de silences et signes. La partie textuelle est un document poétique, glanant ça et là des fragments de discussions tout en composant une trame narrative qui n’a pas une fonction de synthèse mais plutôt d’ouverture et d’appel à la réflexion. Le second poster est composé par quatre éléments qui flottent sur le blanc du papier. Ce sont des images en noir et blanc qu’elle a découpées, assemblées, prolongées, séparées, puis mises à différentes échelles. On y découvre une minuscule pin-up, trois figures sur une carte de la Grèce antique réunies dans un même corps dessiné à la plume, et le buste d’un personnage dont le visage est découpé puis reposé à un autre endroit du papier.
Agissant par fragmentation et prolongement, ces compositions révèlent un espace
d’absence, de quête et de questionnement où se nouent les interrogations des participants avec celles de Camila. Avec Ecouter-Répéter, l’artiste imagine un espace visuel et textuel qui met en présence un flux de discussions sans le figer ni l’essouffler ; mais en le posant tel qu’il était, dans le domaine du doute, du partage et de l’imagination.»

Flora Katz









Installation pour l'exposition Odradek aux Instants Chavirés. 2015
Ⓒ Mathilde Veyrune et Aurélien Mole










Session 1














Il écrit, elle lit: viol-violet-Violaine. Les langues maternelles. Mise à distance et échos. Une prononciation comme une pâte. Être étranger. Un groupe, une marche, un espace limité, l’ensemble constitué. Découvrir ensemble, se découvrir seul. Pour l’autre. Célibat. Son corps à l’autre ou à soi. Le proche. Aller chercher. L’éprouver, le goûter. La position. Le geste. De l’argent jeté. Le geste. Un mirage, un personnage pour que les autres existent. Imaginer Rose puis les mots d’une Amazone. Pays lointain, traces dans le temps. La voix comme une géographie, le chant comme un territoire. Les lèvres closes. La visée et la langue. La femme comme une menace. Trouble l’autre ordre. L’espace protégé et l’arrachement. Intervertir les rôles pour réguler l’ordre, une économie. Le rôle de travestissement, une errance identitaire. Une femme qui veut ne plus appartenir fait retraite petit à petit. Puis rien, plus un mot. Le temps pour comprendre.






Session 2

















Ces masses sont équivalentes, une différence les distingue, une seule. Espace réel et espace virtuel jouent avec les mots, architecture où tout se détermine dans un jeu de masques. Êtres mystérieux, à moitié corps, à moitié fantômes. L’espace déterminant, délimite, dessine et écrit à la fois, il habille le vide. Les espaces deviennent tour à tour des lieux d’enquête où le passage d’une personne nous raconte, comme un aveu, la relation à ces frontières. Adresse à l’autre pour savoir où il est, demander la route de l’autre. On sait maintenant que la porte ne fonctionne pas, on avale les souffrances de la rue, une lettre, un mot, une histoire. Et on continue de danser seul, on raconte sa vie, on orchestre son image. Mais elle glisse, elle dérape, toujours maladroite, elle dit, des fois trop ou pas assez. Puis elle s’échappe, elle s’extrait, elle sort dehors, elle flirte, elle se fourvoie, elle se transforme, elle est fatale, elle n’est qu’une image, un fantôme. Face à ses excitations, à ses prises de risques, la limite, à nouveau, le mot, un seul et c’est tout.









                                                                              Session 3






 










Les liens. Découvrir les constitutions, les enveloppes des enveloppes, les tissus. Autopsie. Couper, ouvrir, trancher, éplucher, retirer les peaux, sortir la chair. Cuisine par le corps et pour le corps. De l’intérieur potenciel l’archéologie se mêle. Un filet qui retient les formes. La structure de la cause à effet. De bouche à bouche, de lèvres à lèvres se dessine une chaîne d’accords. On cherche moins le maintien d’un contrat que l’alliance parfaite. Celle qui veut croire au reflet, à la nécessité de la rencontre au risque de rencontrer le contraire. Drôle et triste. Ne pas réussir à lier mais continuer à faire comme on peux. L’incompris, anime les surfaces, transforme. En va-et-vient, passant entre la maille de l’autre, l’invisible se tisse, le corps se recouvre, le bruit se brise pour faire passer les silences, et enfin le trouble s’invite à la fête. Il y a donc une frontière... Il y a un faux-jumeau, au delà la géométrie se tord et plus rien ne nous appartient. Là se tapit un monstre magnifique, de l’autre côté de la peau. 





                                                                          Session 2

 














De la place pour tous. Sous couvert, recouverts, il y a nous : toi, moi et le secret. Pas un non-dit, pas vraiment un silence, pas vraiment une censure ; un choix, non dévoilé. Le mystère d’une stratégie. On rentre, on demande, mais il n’y a pas de réponse, il faut ressortir, une fois, deux fois, trois fois. On rejoue, on relit, on reproduit, on revoit. Calculant les écarts, prospectant sur une émotion encore possible, une chaleur. A l’intérieur il fait froid. Tu es ce que je vois et je vois ce que je veux. Vouloir et pouvoir. Entre les lignes il y a le coeur et il y a nos corps invisibles. Balisée, l’intimité froide raconte le temps de gestes simples. L’oubli en éphémera. Elle, vient nue, elle n’est pas danseuse, elle n’est pas le sujet du tableau, elle s’approche timide et nous raconte. La violence est latente. Tu es ce que je vois et je vois ce que je veux. On veut parler de fragilité et d’attention au détail, du lieu tenu secret où le face à face est détourné et les corps envahis de fleurs et de motifs. Pour tous, on veut ouvrir, extirper du secret du marché le mot «partage». Tu es ce que je vois et je vois ce que je veux.